TÉMOIGNER POUR INFORMER ET PRÉVENIR



  TEMOIGNAGE DE Maurice OBREJAN




Extraits du CD ROM diffusé à l'Hôtel de ville de Paris, salon des tapisseries.


Il raconte qu'il s'affaiblissait de jour en jour, jusqu'à ne peser qu'un peu plus de 30 kg. 
Il tenait par sa seule volonté de s'en sortir, de raconter. 

Atteint de dysenterie, extrêmement faible, il s'est écroulé un matin lors de l'appel. 
Ses camarades chargés de ramasser les corps se sont rendus compte qu'il vivait encore, et il a été déposé à l'infirmerie. 
Sa chance a été de survivre, de profiter de ce séjour pour reprendre des forces. Il travaillait à trier les vêtements de déportés juifs hongrois, qui arrivaient dès 1943, étaient "triés" puis assassinés dans les chambres à gaz d'Auschwitz. 

Il raconte qu'un d'entre eux a tenté de s'opposer à un SS, et il a été roué de coups. Il a alors hurlé "témoignez, témoignez !". 


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MAUS est une bande dessinée d'Art Spiegelman, traitant des persécutions des Juifs, la Shoah dans les années 1930 - 1940.


Art Spiegelman a 13 ans en 1961, lors du procès d'Eichman, un bourreau du régime nazi. Il découvre peu à peu l'histoire des camps de concentration et d'extermination. 
Il retrouve des traces de cette histoire chez lui, et apprend que son père et sa mère ont été déportés à Auschwitz.
Il poursuit son enfance, et après le suicide de sa mère, Anja, en 1968, il se décide à interroger son père. 
Petit à petit, au fil de ses conversations, il découvre la vie des camps, l'horreur de la déportation. 
Il décide d'en faire un livre, Maus, qui obtiendra la prix Pullitzer en 1992. 
Ce livre est un témoignage direct, traité de façon particulière. 
Art Spiegelman voulait connaître l'histoire de ses parents, mais aussi informer. Que tout le monde sache ce qu'il s'était passé, et puisse réfléchir, peut-être comprendre. 



Voici quelques planches, en relation avec le thème du concours de cette année : 

Ici, on voit que les déportés déjà présents dans le camp informent et tentent de rassurer les nouveaux venus. 


Sont illustrés, ici, les conditions de vie dans les camps de concentration : les Juifs, étant considérés comme la race la plus nuisible par les nazis, y sont représentés en tant que souris. 
On voit, également, des cochons qui représentent les Polonais, qualifiés de "porcs" par les nazis, qui les considéraient comme des animaux sales. 
Leurs prédateurs, les nazis, sont bien évidemment représentés par des chats. Spiegelman a choisi le zoomorphisme pour sa bande dessinée afin d'accentuer sur la déshumanisation des déportés. 


Art Spiegelman raconte ici la distribution des vêtements, et la haine des SS : 



Sur cette planche, on voit la relation de fraternité qu'entretiennent certains déportés, et leur débrouillardise pour obtenir un peu de nourriture : 


Se nourrir, essayer de manger mieux, pour survivre, est une forme de résistance. 
Il fallait parfois s'arranger pour manger mieux ; tâcher de ne pas manger le premier pour avoir droit à des morceaux qui flottent dans le fond, ni manger le dernier pour éviter de ne rien avoir à manger du tout : des infimes gestes, mais pourtant très utiles. 

La solidarité est un palier fondamental dans la vie dans les camps : il est important de se soutenir, car on se débrouille toujours mieux lorsqu'on est plusieurs. 
Se soutenir, c'est surtout s'écouter, se parler, mais aussi se réconforter, s'empêcher de faire des bêtises, s'aider, se divertir, c'est être là pour l'autre, pour oublier un peu l'enfer concentrationnaire. Sur cette page, on peut voir une scène de solidarité entre deux déportés, l'un sait qu'il va mourir, mais l'autre va le soutenir, le calmer, le rassurer.





Ici, la solidarité, l'entraide : 


La fraternité, malgré le risque d'être battu, ou même tué : 


Dans les camps, s'y trouvaient énormément de mouchards, mais parfois, comme dans la scène dessinée sur cette page, les déportés se soutenaient et ne se trahissaient pas. Même si ces cas sont rares, il arrivait que des déportés n'ouvraient pas la bouche pour dénoncer un autre, malgré la douleur qu'ils devaient endurer. Ici, les déportées ont dû courir, sauter jusqu'à ne plus en pouvoir, mais aucune n'a eu la lâcheté de dénoncer leur amie.

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