CITATION



"Résister, c'est d'abord survivre.


Ceux qui ont le mieux résisté, c'étaient ceux qui avaient un idéal, ou ceux qui avaient la foi religieuse. 


Je vais vous dire, quelqu'un qui perdait le moral, il était voué à la mort, parce que perdre le moral, c'était arrêter de résister."



Emile Torner, résistant déporté, janvier 2012





NOS AVIS PERSONNELS

CHLOE


J'ai fait le Concours de la Résistance car je pense qu'il est important de garder une trace de ce qui s'est passé, durant la Seconde guerre mondiale, afin que de tels crimes contre l'humanité ne recommencent plus. 


Le fait que des personnes puissent souhaiter l'extermination complète d'un peuple, que des personnes puissent être capables d'être aussi cruelles envers d'autres humains, m'a révolté, ce pourquoi j'ai voulu faire le concours. 



Pendant les cours d'histoire, on entend forcément des horreurs sur les conditions de vie dans les camps, mais lorsque ce sont les résistants, eux-même, qui racontent leurs propres histoires, c'est différent. 





On est touché, ému, mais aussi perturbé lorsqu'on entend de telles atrocités, perturbé au point de ne pas réussir à s'endormir, certaines nuits. 






C'est pourquoi le Concours de la Résistance m'a permis de comprendre le réel intérêt de faire tout ça : faire ce Concours pour que de telles horreurs restent dans le passé et ne recommencent plus, pour garder en mémoire tous ces faits abominables qui ne doivent pas être oubliés, profiter des témoignages recueillis par le peu de survivants qu'il reste pour ne pas permettre à ceux qui nient la déportation, d'accuser que tout ça n'est qu'invention , et ainsi témoigner à notre tour.





BENOIT

Je me suis inscris au concours de la résistance tout d’abord car cela m’a intrigué, et que j’étais curieux de voir en quoi cela constituait, je trouvais important d’y participer. 

Nous nous devons de remémorer ce qu’il s’est passé, je trouve que c’est en quelque sorte un devoir, pour que plus jamais une chose comme celle qui s’est passée durant la seconde guerre mondiale ne se reproduise. 

Je suis vraiment content d’avoir participé au concours de la résistance, car lors des sorties que nous avons faîtes, j’ai vu des témoins et survivants de la guerre et cela m’a énormément intéressé, car je me dis que je suis extrêmement chanceux de pouvoir entendre de mes propres oreilles les témoignages de résistants et de déportés qui, eux, ont réellement vécu le malheur et la cruauté des nazis, et savent exactement ce que l’on peut ressentir quand tout un peuple vous rejette pour certaines choses que vous n’avez pas forcément choisies.

Le concours de la résistance m’a apporté encore plus de tolérance que j’en avais avant, et m’a énormément ouvert l’esprit sur la vie et le racisme, et je me suis aussi rendu compte de la chance incroyable que j’avais de vivre en France et en 2012, dans un pays démocratique où nous ne risquons pas de nous voir emprisonner, voire tuer pour ce genre de choses. 

Il me semble important de le répéter et d’exercer un travail de mémoire, pour que jamais ce qui s’est passé ne soit oublié. 

Je compte bien, à la fin du concours, être un des portes paroles de ceux qui ont vu les déportés vivants témoigner de ce qui s’est réellement passé, de ce qu’ils ont vécu et dans les conditions dans lesquelles ils les ont vécu, et le transmettre tout au long de ma vie.



NORMAN


 J'ai fait ce concours parce que  je suis  intrigué par l’histoire de l’Europe entre 1939 et 1945, période qui fut l'une des plus terribles de tous les temps. 
La vie dans les camps nazis fut horrible, et je voulais  rencontrer ces témoins de la déportation, qui réussirent  à survivre dans des conditions de vie atroces , plus qu'inhumaines. 

Ce concours m'a permis de rencontrer des gens formidables, de les écouter raconter leur combat contre les nazis, contre Hitler et contre la mort elle-même,  car survivre dans un camp de concentration , c'est bien lutter contre la mort . 
Grâce à ces nombreux témoignages et ces nombreuses rencontres, j'ai vraiment pu  comprendre ce que tous ces hommes ont enduré.

Plus tard tous ces témoignages me serviront à lutter contre  le racisme, à transmettre la mémoire des résistants qui ont réussi  à survivre à l'oppression nazie. Je sais que tous ces résistants ne seront plus là, et que nous serons les derniers témoins à pouvoir transmettre leurs histoires aux générations futures.




ROMAIN

 Pourquoi avoir fait le concours de la résistance ?

 J'ai fait le concours de la résistance car j'ai trouver sa intéressant d'avoir un contact avec d'ancien combattants ou résistant de la guerre . Des que mon professeur d'histoire ma parler de ce concours j'ai voulu y participé car avec mes parents je suis aller plusieurs fois voir des mussés sur la première guerre et second guerre mondiales . J 'ai voulu aussi participé au concours car je voulais en savoir plus sur cette guerre terrible .

              Qu'est ce que le concours m'a apporté ?

Je pense que le concours m'a apporté de nombreuses choses comme de nouvelles connaissance . J'ai aussi pu rencontré des résistants , j'ai aussi pu grace a ce concours aller voir les plage du débarquements . Cela ma aussi apporté une grande culture que je pourrait raconter a la nouvel génération qui n'aura peut-etre pas avoir la chance de rencontrer des résistants de cette guerre .

                Plus tard ?

 Plus tard je pourrais transmettre cette histoire et cette culture . Grace a ce concours je ferais tous qui est possible pour que cela ne recommence pas de nouveau . Ce concours ma aussi appris que l'homme peut-etre cruel envers d'autre homme , ce qui est inhumains .


GOR

Pourquoi avoir fait le Concours de la Résistance ?

J’ai fait le concours de la résistance car je pense qu’il est important  de ne pas oublier la barbarie de la 2nde guerre mondiale et garder une trace pour que de tels crimes contre l’humanité ne se renouvèlent plus.  

Que m’a apporté le concours ?
Durant les cours d’histoire, le professeur parle des conditions de vie dans les camps de concentration et les horreurs qui vont avec, mais quand un résistant nous raconte sa propre vie, c’est beaucoup plus intéressant, plus crédible, car il a enduré la souffrance que lui ont imposé les SS. Le concours m’a permis d’approfondir mes connaissances et d’apprendre des choses que je ne connaissais pas et de plus j’ai pu rencontrer un survivant, Monsieur Villeret, qui habite à Alfortville.

Plus tard ?
Je veux transmettre les pensées des survivants aux générations futures, à mes amis, à ma famille, à mes futurs enfants. Je veux leur en parler afin que cela reste dans les mémoires, qu’on n’oublie pas l’atrocité dont a été capable Hitler, et afin que cela ne se reproduise pas. 



RÉSISTER DANS LES CAMPS NAZIS


Le système concentrationnaire vise à briser moralement les détenus en refusant de leur reconnaître leur dignité et leur humanité : réduits à de simples matricules, devant une obéissance absolue aux SS et aux Kapos, les déportédoivent s'efforcer de conserver une part de leur identité d'homme ou de femme, anciennement libre


Déshumanisés, les détenus peuvent sombrer rapidement dans le désespoir et le renoncement.
Tout acte permettant de résister à cette déchéance organisée maintient le moral et donne un peu de répit.



Cette résistance individuelle s'accompagne nécessairement d'une résistance collective, car l'estime de soi passe aussi par le regard et les gestes des autres détenus. 
Tous les témoignages soulignent que l'isolement est la condition la plus difficile pour le détenu : se retrouver dans un camp sans compatriotes dont on parle la langue ou être séparé de ses camarades par un transfert dans un autre Kommando fait perdre ses répères et accentue la sensation de vulnérabilité.
Pouvoir compter sur ses camarades redonne confiance en l'autre et en soi-même, et par conséquent, assure l'envie et la volonté de survivre.


Il y a donc plusieurs formes de résistance : 
- une résistance individuelle, pour rester digne, survivre, conserver son humanité;
- une résistance collective, fondée sur la solidarité, la fraternité, l'entraide;
- une résistance organisée, celle des réseaux dans les camps, qui cherche à agir contre les SS, qui sabote, se révolte, ou plus simplement protège les autres.

NOTRE DÉMARCHE

Afin de réaliser ce travail de recherche, nous avons utilisé les brochures mises à notre disposition pour le concours : Mémoire Vivante n°70, Le Patriote Résistant supplément au n° 859, Résistance bulletin pédagogique annuel.


Puis nous sommes allés à la rencontre des témoins lors de deux conférences :
- celle organisée par le Musée de la Résistance Nationale de Champigny, qui avait lieu à la préfecture de Créteil, le 30 novembre 2011
- celle préparée par l'association Ciné Histoire et Nicole Dorra à la Mairie de Paris le 16 décembre 2011.


Nous avons rencontré d'autres témoins lors d'un goûter dans les salons de la Mairie de Paris, évènement organisé par l'association Ciné Histoire également.
Nous y avons rencontré Jean-Louis Steinberg et Emile Torner, résidant à Paris, chez qui nous sommes allés par la suite.


Jean Louis STEINBERG

Emile TORNER


Nous avons aussi eu la chance de faire venir plusieurs fois au collège Monsieur Jean Villeret, résidant à Alfortville, ancien résistant déporté au camp du Natzweiler Struthof puis à Dachau.


Jean VILLERET

Nous avons filmé ces rencontres, c'est pourquoi ce blog comporte de nombreuses vidéos que nous avons réalisées chez les différents témoins et lors des Conférences.


Nous sommes enfin allés au musée de la Résistance Nationale de Champigny, où une exposition est réalisée chaque année en fonction du thème du concours.
De nombreux objets étaient présentés, que nous avons photographiés pour les utiliser dans ce blog.

LES TÉMOINS QUE NOUS AVONS RENCONTRES

Jean VILLERET


« Je ne me considère pas comme un héros, je ne suis qu’un simple citoyen. »

MA SITUATION AU DEBUT DE LA GUERRE

J’avais plus de 16 ans au début de la guerre. Ma famille était communiste. J’habitais à Maisons-Alfort, je travaillais comme tourneur mécanicien. J’avais des copains italiens, et il y avait en Europe des dictatures.
J’ai vécu l’exode, et les privations. Il y en avait même qui mourraient de faim chez nous, à cause de l’occupation.

J’ai voulu entrer dans la résistance, mais c’était difficile de prendre des contacts, de gagner l’Angleterre, car on avait entendu parler de l’appel de De Gaulle.

LE TRAVAIL POUR L’ALLEMAGNE

J’ai participé à la Relève, je fabriquais des pièces pour les allemands. J’ai dit à mon patron que je partais, j’ai demandé mon solde, et j’ai franchi avec des copains la ligne de démarcation, sans passeur.

En novembre 1943, je me suis retrouvé bloqué car l’Allemagne avait envahi toute la France. J’ai été travailler en Allemagne avec des indochinois qui étaient restés sur le territoire français car prêtés par l’armée de Vichy. J’avais 20 ans à l’époque, un vrai gamin. Je ne me suis pas entendu avec l’ingénieur, qui considérait les indochinois comme inférieurs. Je suis parti. J’ai été convoqué pour le STO.

Lettre que le patron de Jean Villeret a envoyé à son père, convocation au Service du Travail Obligatoire.


J’ai refusé. Les allemands sont venus me chercher chez moi, mes parents ont dit que me m’étais disputé avec mon père, et les allemands n’ont pas inquiété mes parents. J’étais à Sarlat, j’étais parti chercher des cartes d’alimentation, et donc j’ai été convoqué par l’armée allemande et par la gendarmerie française, qui me menaçait de représailles si je ne me présentais pas à la gare. Un copain m’a fait une fausse carte d’identité, et je suis retourné travailler avec les faux papiers.

LA RESISTANCE

Après, par l’intermédiaire de connaissances, j’ai enfin réussi à rentrer dans un groupe de Francs Tireurs Partisans. On m’a dit que si j’étais arrêté, je serai fusillé.
Un de mes camarades a été arrêté, et je lui avais donné mon adresse !
J’avais un rendez-vous,  je suis arrivé à une heure d’avance, et personne n’est venu. En fait, au moment de monter dans le train pour repartir, les autres sont arrivés, et ont été arrêtés. Je l’ignorais, et comme j’avais loupé le groupe, je suis allé au repêchage à Créteil. Dans le bus, j’ai vu arriver 5 gars, et j’ai eu un pistolet mitrailleur pointé sur le ventre. Ils m’appelaient Bill, c’était mon surnom de résistant.
J’ai été arrêté par des français, chargés de la lutte anti-terroriste. J’avais mon pistolet dans la main, mais ils n’ont pas tiré car il y avait du monde derrière moi.

LA DETENTION

J’ai été interrogé et le lendemain on m’a livré à l’armée allemande à Fresnes, j’étais donc gardé par la Wehrmacht, et pas par les SS. J’ai signé mon interrogatoire fait en allemand, que je ne comprenais pas.
Le 25 avril, on s’est retrouvés réunis avec mes camarades et j’ai pu discuter. Celui qui m’a dénoncé n’y pouvait rien, il a d’ailleurs été fusillé.
J’ai pu écrire à ma famille, je savais que j’allais mourir, surtout en étant FTP. Il ne fallait pas que je l’avoue, car les FTP étaient fusillés de suite.
J’ai écrit, mais la lettre n’est jamais arrivée chez mes parents.

En juin, ma mère et deux de mes sœurs ont eu l’autorisation de me rendre visite et elles m’ont apporté un colis avec des vêtements car on les avait prévenues que j’allais partir en Allemagne. J’étais tout seul, et j’arrivais à parler avec des gars du dessus.

Le 7 juillet 1944, on m’a mis dans une cellule avec des officiers de l’armée secrète. On nous a emmenés à la gare de Bercy, deux par deux, enchaînés. On nous a mis dans un wagon de 2eme classe. J’ai voyagé serré contre les autres pendant 3 jours, sans boire et sans manger. On était serrés comme des sardines. On étaient considérés comme des terroristes, donc encadrés par les services spéciaux de la gestapo. Si un s’évadait, tout le wagon serait fusillé. On a touché un colis de la Croix Rouge, mais on avait faim. On n’avait toujours pas bu. On crevait de soif.

LE DEPART VERS LES CAMPS

On savait pas où on allait, seulement que c’était en Allemagne, et on s’est retrouvé en Alsace, dans un train avec des civils, des permissionnaires, et on est arrivé à Strasbourg, puis direction les Vosges.
Gare de Rethau, il y avait un détachement de SS, les coups ont commencé à tomber, les hurlements, et on a fait 8 km à pieds. J’avais de l’oedème aux deux jambes. On est arrivé au camp de Natzweiller-Struthof.


On est arrivés aux douches, on nous a désinfectés avec un produit qui nous brûlait la peau, et on nous a rasé de la tête aux pieds. On ne se reconnaissait plus, du coup. On nous a donné une tenue, n’importe laquelle, avec des claquettes en bois, et mon numéro 19410, qu’il a fallut coudre. Dans le dos j’avais une croix rouge peinte, et deux N. J’étais NN, Nacht und Nebel.
Le soir on a été à l’appel, puis on a mené la vie du camp.

LE CAMP 

Carte postale donnée par M Villeret 

Je vais décrire ce que j’ai vu par rapport à mon emplacement dans le train, car j’étais assis dans le sens de la marche, et j’ai aperçu le camp du train. On voyait la vallée, j’ai dit à mes copains qu’on n’allait pas être mal. A l’entrée il y avait le poste de garde, une porte grillagée avec des sentinelles. Il y avait des baraquements, la 1ère baraque logeait le chef de camp, qui était déporté. Puis 7 blocs, espacés, en bas le four crématoire et les douches, où on nous donnait les habits, la salle de vivisection, et l’infirmerie où on faisait des expériences.

LE TRAVAIL DANS LE CAMP

Les corvées :
On vidait des fosses septiques, car il y avait des toilettes collectives, on devait prendre un Kommando, n’importe qui, un groupe appelé, et on avait une brouette. Les gars du bas ramassaient les excréments avec des pelles, sans rien renverser, et on allait tout vider dans le jardin.
On enlevait des pierres pour les déplacer et le lendemain les remettre en place.

Le camp a été monté à dos d’homme, en portant pièce par pièce les structures. On avait des journées très longues. Il n’y avait pas de route, et les allemands ont trouvé un filon de granit rose qu’ils ont décidé d’exploiter pour construire leur monument en l’honneur du 3ème Reich.  

Construction de la route par les déportés

C’était un camp d’extermination par le travail. Aujourd’hui on ne voit plus les baraques. Maintenant il y a une route qui n’existait pas, elle a été construite à la pelle, à la pioche, au bar amine. Il y a eu des morts, et on a du construire une route qui montait à la carrière. Les allemands faisaient sauter les morceaux de granit, et les détenus les taillaient. Après il y avait une équipe qui s’occupait de démonter des moteurs d’avion dans des baraquements, ces moteurs avaient été récupérés aux anglais. Eux au moins étaient à l’abri.
J’ai enlevé des cailloux en juillet août  44 dans le jardin. Il y avait des petites corvées : j’ai peint à la chaux les barrières du jardin et j’en ai profité pour manger des groseilles.

On a évacué le camp avec l’avancée des alliés. Direction Dachau dans un train de bestiaux, assis en chevrons. Je crevais de soif, j’ai failli boire mon urine.
On nous a habillé en rayé. Ca m’a rappelé les pieds nickelés, mais je ne me suis pas senti dégradé. 




Le lendemain on est partis à pieds dans un camp de travail, on appelle ça un kommando. On a couché dans la paille. Rien n’était prévu pour nous recevoir. On ne faisait rien.
On attendait.
Un allemand est venu nous demander ce que l’on savait faire. J’ai dit que j’étais tourneur, et avant de partir travailler à la fabrique, j’ai du faire des corvées.

On a quitté le camp de quarantaine et on s’est retrouvés dans grandes baraques avec des châlits, et tous les matins, l’appel, les SS prenaient les numéros, et on était dispatchés. Un matin, pour éviter l’appel, je me suis planqué aux chiottes, c’est là où se faisait tout le trafic du camp.


J’ai été à la gravière, on construisait des blockhaus dans les champs, pour quoi faire ?

Puis kommando de la remorque : tirée par des détenus, ferrures attachées aux détenus. C’étaient des remorques avec des pneus caoutchoutés, et un jour je me suis retrouvé au timon, c’était l’horreur. J’ai regretté de ne pas avoir été fusillé. Cet après-midi là, j’étais sur le côté, c’était dur. On était surveillé par un SS avec un chien qui nous mordait.

Puis on m’a envoyé à la BMW. On était près d’une usine planquée dans les bois. On faisait des moteurs d’avion à réaction. C’étaient que des détenus qui géraient tout ça. J’étais sur une perceuse radiale, douze heures par jour, soit de nuit, soit de jour. J’ai eu de la chance, car j’aurais pu aller construire l’usine en restant dehors 12 heures, à porter un sac de 50 kilos. Il y a eu de nombreux morts, et je n’aurais pas été assez fort pour porter 50 kilos à bout de bras.



Dans l’usine, il y avait un canadien, un soviétique et moi. J’avais des camarades qui avaient 16 ans, le plus dur c’était ça. Ce qui m’a sauvé, c’est que les bâtiments étaient chauffés par de l’air pulsé, mais faut pas croire, c’était pas pour nous.

Ca a duré jusqu’en janvier. On a été bombardés, et la dernière semaine je n’en pouvais plus. Les allemands avaient fait construire des murets pour qu’en cas de bombardement les éclats ne détruisent pas tout. Je me suis assoupi contre un muret, un officier m’a foutu un coup de pied dans les côtes, je n’ai pas bougé ; Il m’a regardé et est parti. Je n’en revenais pas qu’il ne m’ait pas tué.

Puis je suis revenu à Dachau, j’ai du déneiger les accès aux maisons des officiers, et il faisait -20 °C, et le plus dur c’était la faim.
Le typhus est arrivé dans le camp, on a été mis en quarantaine, donc on ne faisait plus rien.

LA LIBERATION

Le 29 avril 45 les américains sont arrivés, c’était la fête.


Je pesais entre 35 et 40 kilos. J’étais resté dans le coma à cause du typhus, je pouvais même plus manger, même le colis de la croix rouge que j’ai reçu.

Je suis revenu chez moi en juin. J’avais écrit à mon père au moment de ma libération. Je suis rentré avec des gars du Doubs qui m’ont ramené en voiture.

Avec les anciens déportés du Doubs
Jean Villeret porte un calot noir et tourne la tête vers la gauche, il regarde son camarade et sourit (5è en partant de la droite)



Quelle était votre motivation pour tenir ?
Ma principale motivation dans le camp, c’était de savoir ce que je pourrai manger.
Mais le travail à la chaîne ne nous permettait pas de s’arrêter. Le principe, c’était d’en faire le moins possible, je sabotais des pièces, des culasses de moteur d’avion, celui qui vérifiait laissait passer, et ça devait poser des problèmes au montage. C’était des coups à être pendus.



ses décorations, ses médailles


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Emile TORNER


Emile Torner est né à Paris, en 1925.

Il a 15 ans quand ses parents, Juifs, décident de quitter la France, craignant l'arrivée des Allemands. 

Quatre ans plus tard, il s'engage dans la résistance, au sein du maquis de la Creuse, dans le réseau Surcouf. 

Il est arrêté en juillet 1944, envoyé en Allemagne, puis dans le camp de Buchenwald. 
Il est immatriculé et porte le numéro 80 655.

Il est ensuite envoyé dans un kommando à Langenstein, où il doit creuser une usine souterraine. 

Il doit porter sans répit des sacs de ciment.

Il parvient à survivre jusqu'à la libération du camp par les alliés en mai 1945. Il ne pèse plus alors que 28 kilos. 
Il rentre à Paris, se fait soigner à l(Hôpital Saint Louis, car il a attrapé la gale.

Il mettra 64 ans pour enfin témoigner.

"tant que je le pourrai, je continuerai à témoigner et à aller sur les lieux de mémoire. 
Ce qui est important aussi bien pour les jeunes générations que pour les familles qui nous accompagnent. 
Les jeunes générations, pour les appeler à être vigilants sur les évènements à venir."


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Jean Louis STEINBERG


Chez lui, à Paris, en février 2012


Jean-Louis STEINBERG est né à Paris en 1922.
Il fait ses études à l'école alsacienne et dans différents lycées. 
Ses grands parents étaient Juifs, et sa famille, bien qu'athée, a subit les persécutions du gouvernement de Vichy et de l'occupation allemande. 

Voici la carte d'identité de mon frère faite pendant l'occupation. 
Elle est au nom de SIEURIN, mon père avait francisé notre nom, pour éviter les discriminations. Il fallait aller nous inscrire ensuite sur les listes des Juifs, et nos papiers ont été tamponnés avec le mot Juif. On devait le faire, car notre nom était inscrit sur les registres de la synagogue, en tout cas celui de mes grands-parents. Nous, nous étions athées. Comme l'Etat considérait qu'on "tait Juif si nos grands-parents l'étaient, on risquait gros à ne pas aller s'inscrire, en cas de vérification. 

Il lutte avec le parti communiste contre les nazis tout en poursuivant ses études supérieures, à la Sorbonne. 

Jean-Louis après la guerre

Il est déporté à Auschwitz avec son frère, Claude, et ses parents, tous trois morts en déportation. 

Son matricule, qui sert de couverture à son livre, Des Quatre, un seul est rentré.

Comme les nazis avaient décider d’exterminer les Juifs simplement si les parents et les grands parents étaient de tradition juive, ils ont forcé mon père à aller s’inscrire au commissariat du 14è arrondissement. 


On avait une radio et on écoutait la BBC. On était informé sur le sort des Juifs déportés, mais on n’a pas voulu y prêter plus d’attention car la propagande de guerre fonctionnait bien. 

Je suis entré dans la résistance communiste dès 1941.

J’ai été déporté de Drancy à Auschwitz avec mon père et mon frère, et envoyés au travail forcé. On nous a sélectionnés, rasés, puis envoyés dans une baraque en bois. On a demandé ce qu’allaient devenir les autres. « Ils étaient « déjà » passés par la cheminée ». On n’a pas pu le croire. On ne pouvait pas imaginer cela.  

Mon frère Claude et moi, jeunes

On a été travailler à Monowitz, pour AEG Farben. J’ai été séparé de ma famille, pour éviter l’entraide entre nous. 

J’ai été affecté dans une équipe de travail de force : on devait creuser des tranchées, faire du terrassement, porter des sacs de ciment de 50 KG en courant. Nos chefs voulaient nous faire aller plus vite pour se faire mousser auprès des SS. Tous les jours on ramenait des morts.


Voici la carte des auberges de jeunesse de mon frère Claude, qui n'est pas revenu des marches de la mort. Elle porte notre vrai nom, même s'il manque le G à la fin. 


Il intègre la résistance du camp et est sauvé.

Après la libération, il rentre en France et poursuit une carrière scientifique.

Depuis 1994, il témoigne devant les élèves et lutte contre les formes de racisme.

Il veut avant tout que l'on comprenne comment des gens ordinaires ont pu arriver à porter au pouvoir Hitler et les membres du parti nazi, et pourquoi ils ont engendré un tel système de barbarie. 

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Nos camarades du collège ont rencontré Sam Braun lors d'un repas organisé par l'association Ciné Histoire à la mairie de Paris en 2009. Il avait répondu à quelques questions qui s'intègrent dans le thème de cette année. Les voici reprises ici: 




-Dans le train/wagon

   Je me souviens de l’odeur, de la puanteur, devrais-je dire. Les nazis voulaient, intoxiqués par leur propagande antisémite, que nous devenions des bêtes. Eh bien, dans ce train nous le sommes devenus, en apparence du moins !
   L’entreprise nazie de déshumanisation commençait ainsi.
   Mes parents, malgré cette ambiance mortifère, tentaient de nous distraire, ma petite sœur et moi. Ils essayaient de nous amuser pour que le temps passe plus vite, pour qu’on oublie quelques instants nos effroyables conditions d’existence, pour qu’on ne pense pas à ce qui nous attendait.
  
Vous n’avez pas éprouvé de sentiment de « solidarité » ?
   Quasiment aucun. Une fois pourtant, un déporté m’a donné de la poudre de tabac qu’il a réparti sur un bout de papier journal mouillé et roulé  sur lui-même. Où l’avait-il « organisée » comme nous disions alors, je ne sais, pas plus que je ne sais où il avait trouvé l’allumette pour allumer cet ersatz de cigarette. Mais ce que je sais, C’est qu’après avoir beaucoup toussé, ma faim, pour un court instant, fut apaisée. C’est la seule fois où j’ai fumé du tabac à priser !
           
Vous avez donc plutôt conservé le sentiment d’une solitude absolue ?
   Oui, sauf une autre fois où un déporté a eu, à mon égard, un acte de solidarité et m’a peut-être sauvé la vie. C’était un dimanche après-midi, nous n’allions pas travailler. Ce qui était, tout de même, assez incroyable ! Le dimanche après-midi, nous n’allions pas travailler malgré leur besoin de main-d’œuvre !
   Le bloc 10 dans lequel je couchais était très proche des deux blocs qui servaient de KB, de Krankenbau, d’infirmerie. Nous étions séparés de ces deux blocs par de fils de fer barbelés, non électrifiés ceux-là. J’étais d’un côté du grillage et de l’autre se tenait un déporté en blouse sale, blanche initialement. Il m’a demandé mon âge en allemand. Je lui ai répondu comme j’ai pu, dans la même langue : dix-sept ans. Quand il s’est rendu compte que j’étais français, il m’a alors parlé dans ma langue et m’a demandé mon numéro de matricule et le numéro de mon bloc.
   Je ne sais plus très bien comment ça s’est passé, j’ai complètement occulté ce moment, mais je me suis retrouvé le lendemain matin au KB. Est-ce que le chef de bloc m’a appelé ? Le n’en sais rien, je ne m’en souviens pas. Je me suis retrouvé à l’infirmerie médecin, car c’était un médecin, m’a gardé à peu près 8 jours alors que n’avait rien sinon une grande fatigue.
   Ça m’a fait un bien fou : plus besoin de se lever aux aurores, plus besoin d’aller travailler à la Buna. Je marchais librement dans l’ »infirmerie » et, sitôt qu’un SS arrivait, je m’allongeais sur le lit le plus proche, même s’il était déjà occupé par un vrai malade celui-là ! Ce médecin était le docteur Robert Waitz, un homme formidable qui résistait à sa manière : il a accompli pour d’autres mots-vivants ce qu’il a fait ce jour-là pour moi.
   Il est devenu ensuite le doyen de la faculté de médecine de Strasbourg. C’était un médecin de grande qualité. Un humaniste. Il m’a sauvé la vie, pourtant je ne suis jamais allé voir après lorsque lui et moi avons été libérés. C’est certainement un de mes plus grands regrets. Mais je n’osais pas y aller de peur de réveiller chez lui les mauvais souvenirs ou peut-être parce que c’était le moment où, de mon côté, je ne voulais plus en parler.

-Rêver de nourriture

   Pour moi, c’était très curieux. J’ai souffert  beaucoup de la faim, comme les copains. Mais je m’y suis habitué. Je m’y suis habitué grâce aux rêves diurnes où je me voyais dévorer pour soulager ma faim. C’est de rêves à l’état de veille dont je parle, d’imaginaire conscient et non de rêves nocturnes.
   La nourriture dont je rêvais se limitait à deux choses : le hachis Parmentier et le café au lait, pain beurre. Le hachis Parmentier parce que ma mère, qui cuisinait merveilleusement bien, faisait un délicieux hachis Parmentier.
   Je songeais aussi souvent au café au lait, pain beurre, parce que c’était mon petit déjeuner habituel.
   Chaque fois que j’avais trop faim, ce qui arrivait souvent, je me réfugiais dans cet imaginaire-là. Et je mangeais avec une telle concentration psychique, avec une telle conviction que je sentais l’odeur et que ça soulageait ma faim. Du moins, j’en avais l’impression et c’était là l’essentiel. Lorsque je repense à tout cela, je mesure la force de la pensée et son influence sur le corps.
   Mes repas imaginaires arrivaient à soulager provisoirement cette sensation douloureuse. C’est étonnant, car la faim est une tenaille qui vous tord l’estomac, c’est une pieuvre qui vous dévore de l’intérieur.

-Garder espoir

   Au camp, je n’ai jamais eu le désir de mourir. Je n’ai jamais eu de désespérance. Jamais. J’étais sans doute persuadé, au fond de moi, que je m’en sortirai.
   Souvent, les enfants des écoles me demandent ce qui m’a permis de vivre à Buna, ou plutôt de survivre.
   Tout d’abord la chance, mais ce facteur n’est pas quantifiable.
   Ensuite l’imaginaire, qui permettait une évasion relative mais salutaire dans un monde irréel mais plus humain.
   Enfin l’espérance, qu’il ne faut pas confondre avec l’espoir. L’espérance est capable de créer une heure de plus, l’heure ainsi gagnée s’ajoute à une autre heure et toutes ces heures finissent par faire des jours, ces jours des semaines et ces semaines des mois. Au camp, cette espérance ne m’a quitté.

-Rester digne

   Certains mentionnent aussi l’hygiène comme facteur de survie. Dans Si c’est un homme, un personnage nommé Steinlauf explique à Primo Levi que la toilette est importante, car entretenir son corps, au-delà de l’aspect hygiénique, c’est conserver une certaine dignité, une certaine humanité. Avez-vous éprouvé un sentiment semblable ?
   Oui je peux dire que j’ai tout fait pour être propre, dans la mesure du possible. Evidemment, j’étais sale comme tout le monde. Il n’y avait pas de savon, pas serviettes non plus. J’ai tout fait pour essayer d’être propre avec le peu d’eau qu’on pouvait recueillir dans cette grande vasque autour de laquelle nous étions agglutinés le matin. Un mince filet d’eau, essayé d’être le plus propre ou le moins sale possible. Primo a raison.

LE CONTEXTE HISTORIQUE


LE NAZISME est une idéologie fondée sur les théories exposées par Hitler dans "mein Kampf" qui préconise :

-          La supériorité de la "race aryenne" dont le peuple allemand serait le plus pur représentant appelé à dominer les "races inférieures".

-          La haine du Juif, ennemi de race et responsable de tous les maux de l’Allemagne

-          La théorie de l’espace vital selon laquelle le peuple allemand doit conquérir des territoires vers l’Est, pour assurer sa survie. 

Sous le régime nazi, la valeur sociale de l’individu relève d’une appréciation d’Etat qui décide si une vie est digne ou non d’être vécue.

Tous les opposants réels ou présumés à cette idéologie sont des ennemis du peuple allemand et doivent être inexorablement châtiés ou éliminés.

Les nazis ont conçu et mis en application un système concentrationnaire placé sous la responsabilité de la SS, dont Heinrich Himmler est le chef suprême (Reichsführer SS).

Ce système recourt à des mesures coercitives et disciplinaires inspirées de l’idéologie raciste du nazisme, mises en pratique par la SS avec une brutalité sans égale, un mépris total de la vie et des êtres "inférieurs", des ennemis du régime et des ennemis de "race".

Le système devient une gigantesque entreprise de négation de toute valeur et de tout droit de la personne humaine. 

Véritable univers de mort, lente et expiatoire pour les "opposants et résistants" ennemis du Reich, immédiate pour les "ennemis de race" (Juifs, Tsiganes, Slaves), il se caractérise en outre par une étonnante bureaucratie et l’instauration d’une hiérarchie interne des détenus à la dévotion de la SS, certains détenus (en général de droit commun) étant investis de pouvoirs absolus sur les autres.

Jusqu’en 1939, les détenus sont des ressortissants du Reich, classés par catégories, en opposants politiques (triangle rouge), asociaux (triangle noir), reclus de droit commun (triangle vert).

L’internationalisation et l’extension de ce système commencent dès septembre 1939, avec l’invasion de la Pologne (début de la Deuxième Guerre mondiale). 

L’effectif des détenus ne cesse dès lors d’augmenter et leurs conditions de vie de se dégrader. Aux catégories se superposent désormais les nationalités.


L’extermination des Juifs, ou Solution Finale de la question juive en Europe, commencée dès les dernières semaines de l’année 1941, atteint son apogée entre mi-1942 et mi-1943, puis décroît jusqu’à fin 1944, faisant au total entre cinq et six millions de victimes innocentes.

Elle se décide à la conférence de Wannsee en 1941, qui regroupe tous les plus hauts dirigeants du régime nazi. Il s'agit d'éliminer de manière industrielle les races dites inférieures : Juifs, Tziganes. 

A partir de 1943 et jusqu’à l’effondrement du Reich, sans jamais perdre sa vocation d’élimination des ennemis sur régime, ni de répression et de coercition, le système se transforme en un immense réservoir d’esclaves sous-alimentés, contraints au travail forcé à des cadences infernales, dans une multitude de "Kommandos" répartis à travers tout le Reich, dans tous les secteurs de l’économie allemande, 
- qu’ils soient liés directement à la guerre (avions, fusées V1 et V2, chars, etc.) 
- ou relèvent de la production industrielle générale et des travaux d’infrastructure (routes, voies ferrées, bâtiments, base, etc).

A côté du travail « économiquement utile », la SS maintient les détenus dans un état d’agitation et de peur permanentes, pour décourager chez eux toute tentative d’organisation collective, de solidarité et d’évasion.

La moindre erreur est lourdement sanctionnée par des mesures arbitraires, cruelles, brutales et publiques, entrainant souvent la mort.

La sous-alimentation chronique ajoute à l’épuisement des corps, aux maladies, au manque de soins, d’hygiène et de sommeil. La durée moyenne de vie dépasse rarement neuf mois.

Les malades incurables et les inaptes au travail, c’est-à-dire les "inutiles", sont périodiquement éliminés par injections mortelles ou par envoi dans les chambres à gaz des camps (quand il en existe) ou dans les centres d’euthanasie (Château d’Hartheim en particulier).

Les médecins SS se livrent en outre, dans les camps, à des expériences humaines d’une barbarie inouïe sur des détenus hommes, femmes et enfants.

Des détenus classés "politiques" parviendront cependant, non sans risques, à occuper des fonctions clé dans l’administration interne, à y supplanter les "droit commun", et çà créer des organisations clandestines favorisant certaines formes de résistance, de solidarité, d’entraide et de renseignement.

LA DEPORTATION PARTIE DE FRANCE

En France, la déportation poursuit deux objectifs :

- Avec la collaboration des autorités françaises de Vichy, réprimer et décourager toute velléité de résistance ou d’opposition dans la population, 
- par l’emprisonnement généralement suivi d’un envoi en camp de concentration : 
les résistants pris les armes à la main ou convaincus de faits ayant entraîné la mort de soldats allemands, étaient condamnés à mort et exécutés, ainsi parfois que de simples otages exécutés pour terroriser la population et l’inciter à la soumission.

Mettre en œuvre la "Solution Finale de la question juive en Europe", en déportant vers les camps d’extermination hommes, femmes et enfants, raflés par familles entières avec la complicité du gouvernement de Vichy. 

Une minorité de ces déportés échappe, lors de la sélection à l’arrivée, à une mise à mort immédiate et est retenue pour travailler dans des Kommandos particulièrement durs, où le sursis qui leur accordé n’est que de courte durée.

La distinction entre déportés victimes de mesure de répression et ceux victimes de persécutions antisémites, comporte quelques exceptions et des cas particuliers : 
ainsi des Tsiganes, des témoins de Jéhovah, et des homosexuels, déportés depuis les territoires sur Nord et de l’Est de la France, annexés ou placés sous administration militaire allemande, ou encore des Juifs "conjoints d’aryens", soustraits au processus de la Solution Finale et déportés vers l’Île anglo-normande d’Aurigny.


Entre arrestation et déportation, les déportés séjournent pendant une durée indéterminée dans des prisons (Fresnes, Montluc, Beaumettes, Blois, la Hâ à Bordeaux etc.) ou des camps d’internement (Pithiviers, Beaune-La-Rolande, Rivesaltes, Gurs, Châteaubriant, Voves, Le Vernet etc.) relevant des autorités de Vichy, parfois aussi partiellement des autorités allemandes d’occupation.

Les transports de déportation s’effectuent, depuis les camps de regroupent et de transit (Drancy, Compiègne, Romainville etc.) sous autorité allemande, par trains composés de wagons à bestiaux, où les détenus, entassés sans sanitaires, sans eau et sans aération, pendant des jours et des nuits, sont déjà épuisés quand ils ne sont pas morts ou devenus fous, avant leur arrivée en camp de concentration.

AU TOTAL 161 000 PERSONNES ONT ETE DEPORTEES DE FRANCE VERS LE SYSTEME CONCENTRATIONNAIRE NAZI

85 000 par mesure de répression (résistants, opposants, otages) essentiellement depuis les camps de transits de Compiègne et de Romainville. Le nombre de victimes est estimé à plus de 40 %, dont un peu plus de 1 500 ont été gazées.
76 000 parce que Juives, dont 11 000 enfants, essentiellement depuis le camp de transit de Drancy et vers Auschwitz-Birkenau. Près de 97 % y ont été victimes des chambres à gaz de la "Solution Finale".


LA FIN DU SYSTÈME

Devant l’avance des armées alliées, fin 1944 et surtout début 1945, jusqu’en avril, les SS procèdent à l’évacuation des camps de concentration et tentent d’effacer les traces de leurs crimes.

Les détenus sont ainsi transférés en plein hiver, par -20° ou -30°, dans des trains découverts (cas de l’évacuation d’Auschwitz en janvier 1945) ou lancés en d’interminables colonnes de plusieurs milliers de silhouettes décharnées, dans des marches de la mort qi les conduisent vers d’autres camps, eux-mêmes rapidement surpeuplés. 

Près de 50 % des évacués périssent encore dans cette ultime épreuve où les gardiens n’hésitent pas à abattre d’une balle dans la tête les traînards et ceux qui, à bout de force, ne peuvent plus suivre.

Le système conçu et appliqué par la SS ne s’effondre pas : il est brisé par l’offensive victorieuse des armées alliées.

La rage meurtrière et le fanatisme des SS se manifestent jusqu’aux ultimes instants précédant l’arrivée des armées alliées.

Les criminels nazis qui ont pu être identifiés et capturés, ont été jugés et condamnés à l’occasion d’une série de procès, dont le plus célèbre est celui de Nuremberg, où pour la première fois ont été introduites les notions de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, ces derniers étant imprescriptibles.